Face aux difficultés, Uber s’est transformé, sans vraiment changer de modèle


Le PDG d’Uber Technologies, Dara Khosrowshahi (au premier plan), à la Bourse de New York, le 10 mai 2019.

Elles ne courent pas les rues, les entreprises dont le modèle économique est devenu un nom commun. On a eu le fordisme au début du XXsiècle. Une bonne centaine d’années plus tard, voici l’ubérisation. Mais, au fait, que vaut le modèle Uber ? Comment se porte l’entreprise symbole de la « désintermédiation » et de la prise de pouvoir des plates-formes numériques ? Le parangon du capitalisme 2.0, dont la brutalité des méthodes employées pour s’implanter un peu partout dans le monde a été révélée dans les « Uber Files », est-il en forme ?

Eh bien, pas tant que ça. D’abord, l’entreprise a affiché une perte de 5,9 milliards de dollars (5,4 milliards d’euros) pour un chiffre d’affaires de 6,9 milliards de dollars, au premier trimestre, alors qu’elle était devenue profitable à la fin de 2021. La chute est essentiellement due à la dépréciation de certaines participations de l’entreprise (dont celle dans le chinois Didi). Mais la publication a déçu les investisseurs, qui ont sanctionné la valeur en Bourse.

L’action Uber vaut aujourd’hui 22 dollars, alors qu’elle a été introduite à 45 dollars, le 10 mai 2019. A cette époque, l’entreprise était valorisée plus de 80 milliards d’euros, elle en vaut, à la mi-2022, moins de 45 milliards.

Une stratégie qui consomme beaucoup de capital

Comment la start-up californienne la plus prometteuse depuis Tesla en est-elle arrivée là ? Pour tenter de le comprendre, il faut remonter à la genèse du modèle et décrire sa transformation, face aux vents contraires. Une évolution qui a surtout consisté à, selon la célèbre formule, tout changer pour qu’au fond rien ne change.

La petite histoire raconte qu’en 2008, après une soirée de galère à chercher un taxi à Paris, Garrett Camp et Travis Kalanick ont l’idée d’UberCab, qui sera créé un an plus tard, à San Francisco. Le succès est alors foudroyant. Et il repose sur une formule simple : Uber rémunère très bien les chauffeurs, pour en attirer un maximum et faire en sorte que l’attente des clients ne dépasse pas cinq minutes.

De 2014 à 2021, en sept ans, Uber a accumulé 25 milliards de dollars de pertes, d’après l’entreprise

Un cercle vertueux est enclenché : davantage de chauffeurs, davantage de clients, davantage de chauffeurs, etc. L’idée de M. Kalanick, qui a pris les rênes de l’entreprise, c’est d’inonder le marché, d’être très vite le premier et le plus fort dans les villes où il débarque pour, dès le départ, mettre K.-O. la concurrence. Une fois qu’Uber est devenu indispensable, il augmente le prix des courses et se rémunère mieux, au détriment de la part des chauffeurs.

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